« Nous dérivons, pendant passé une heure, à travers les damiers de nuit et de soleil et les déchirures des ombres sous le branchage, nous enroulons les chuintements d’herbe et de boue alternées dans ce qui restait des anciens chemins. » (1)
Elisa Florimond collectionne, échantillonne, fractionne le monde et façonne des typologies échappant au carcan encyclopédique. Elle accumule et classe selon des catégories arbitraires des captures d’écran de films et des éléments recueillis dans différents environnements : une pratique intuitive donnant lieu à un paysage visuel qui se lit d’une oeuvre à l’autre.
Par la constitution de cette base de données inépuisable et parfois incorporelle, l’artiste imagine une nouvelle cosmogonie dans laquelle objets naturels et artificiels se côtoient sans différenciation. Créant des passerelles à la lisière du perceptible et de l’intangible, elle utilise le montage comme prisme d’une certaine réalité, élaborant des rapprochements subjectifs qui déconstruisent les liens entre signifiant et signifié. De la même manière qu’elle réveille des archives dormantes ici transformées en almanach de mains qui s’arrachent à la volée et marquent le passage du temps, elle active des objets glanés en les hybridant et leur confère ainsi une nouvelle condition.
Certaines des oeuvres qui composent cette installation globale sont la réminiscence de moments de vie que l’artiste amasse aussi. Une branche se veut le souvenir encombrant d’un voyage en voiture, embelli par la trouvaille fortuite d’un arbre qui semble avoir été moulé pour souligner les lignes industrielles d’une 206. Un kumquat ramassé au détour d’une balade est venu, au fur et à mesure de sa décomposition, s’inscrire dans un os comme s’il avait rejoint son milieu d’origine. Une mâchoire courbée prend place au creux de menottes manufacturées et les formes voûtées des taquets de bateaux rencontrent les courbures ciselées d’arêtes de poissons.
Par la constitution de cette base de données inépuisable et parfois incorporelle, l’artiste imagine une nouvelle cosmogonie dans laquelle objets naturels et artificiels se côtoient sans différenciation. Créant des passerelles à la lisière du perceptible et de l’intangible, elle utilise le montage comme prisme d’une certaine réalité, élaborant des rapprochements subjectifs qui déconstruisent les liens entre signifiant et signifié. De la même manière qu’elle réveille des archives dormantes ici transformées en almanach de mains qui s’arrachent à la volée et marquent le passage du temps, elle active des objets glanés en les hybridant et leur confère ainsi une nouvelle condition.
Certaines des oeuvres qui composent cette installation globale sont la réminiscence de moments de vie que l’artiste amasse aussi. Une branche se veut le souvenir encombrant d’un voyage en voiture, embelli par la trouvaille fortuite d’un arbre qui semble avoir été moulé pour souligner les lignes industrielles d’une 206. Un kumquat ramassé au détour d’une balade est venu, au fur et à mesure de sa décomposition, s’inscrire dans un os comme s’il avait rejoint son milieu d’origine. Une mâchoire courbée prend place au creux de menottes manufacturées et les formes voûtées des taquets de bateaux rencontrent les courbures ciselées d’arêtes de poissons.
(1) Édouard Glissant, Philosophie de la relation, Paris, Gallimard, 2009, p. 18.
© visuels : Elisa Florimond
Le net et le flou ponctuent l’espace, tout comme les rapports de temps et d’échelle, omniprésents et souvent bouleversés. Là où un arbre prend appui sur la transparence d’une vitre pour laisser le soleil nous dicter la mesure des heures, les mains deviennent par son geste, l’unité de valeur qui rend palpable les proportions des bêtes qui nous entourent. Au sein de cette constellation faite d’éléments disparates qui s’agrègent, un léger faisceau lumineux activé par un miroir éclaire tour à tour les pièces jumelles et court les murs jusqu’à s’évanouir. Elle puise ainsi dans différents registres formels pour fabriquer des univers encore inimaginés, suscite des rencontres inédites par son goût pour les associations d’images ou d’idées et s’adapte aux saisons en façonnant des soliflores annonciateurs du printemps.
Des photogrammes ont été prélevés au cours de ses cheminements cinématographiques où chaque séance individuelle, à l’instar d’une promenade, devient un endroit dans lequel se perdre. Dans les calendriers épinglés sur le mur comme dans les éditions — eau roche allongé ; cercles ; verre bassine ; nuages ; écrans pieds — qui font partie intégrante de l’exposition, Elisa Florimond nous donne à voir des instantanés fugaces dont les origines lui échappent parfois. La substance qu’elle tente de figer dans ses collections se morcelle et se délite, se transforme par l’assemblage. D’apparence fragmentaires, ses travaux sont liés par un flux invisible qui trouve sa source dans le montage et l’accumulation. Collages poétiques parsemés de références qui n’en sont plus, ces pièces mettent en jeu une confrontation simultanée au souvenir et à l’oubli. Par l’archivage et l’ordonnancement, l’artiste estompe les frontières entre son travail et celui des autres, entre ce qui est sien et ce qu’elle emprunte ou trouve, soulignant le caractère obsessionnel de sa pratique qui s’apparente à une véritable méditation sur la fabrique de l’image et le nouement de relations entre les matières.
Les oeuvres-collections d’Elisa Florimond témoignent du rapport quasi frénétique qu’elle perpétue avec les choses qui l’habitent. Par un pillage bienveillant dont le butin constitue les soubassements d’une exposition où chaque pièce existe par la présence de celle d’à côté, l’artiste entretient l’illusion qu’il est possible de garder en mémoire l’odeur des palétuviers et la lumière verte d’un soleil qui se couche sur l’autoroute.
emploi fictif
Des photogrammes ont été prélevés au cours de ses cheminements cinématographiques où chaque séance individuelle, à l’instar d’une promenade, devient un endroit dans lequel se perdre. Dans les calendriers épinglés sur le mur comme dans les éditions — eau roche allongé ; cercles ; verre bassine ; nuages ; écrans pieds — qui font partie intégrante de l’exposition, Elisa Florimond nous donne à voir des instantanés fugaces dont les origines lui échappent parfois. La substance qu’elle tente de figer dans ses collections se morcelle et se délite, se transforme par l’assemblage. D’apparence fragmentaires, ses travaux sont liés par un flux invisible qui trouve sa source dans le montage et l’accumulation. Collages poétiques parsemés de références qui n’en sont plus, ces pièces mettent en jeu une confrontation simultanée au souvenir et à l’oubli. Par l’archivage et l’ordonnancement, l’artiste estompe les frontières entre son travail et celui des autres, entre ce qui est sien et ce qu’elle emprunte ou trouve, soulignant le caractère obsessionnel de sa pratique qui s’apparente à une véritable méditation sur la fabrique de l’image et le nouement de relations entre les matières.
Les oeuvres-collections d’Elisa Florimond témoignent du rapport quasi frénétique qu’elle perpétue avec les choses qui l’habitent. Par un pillage bienveillant dont le butin constitue les soubassements d’une exposition où chaque pièce existe par la présence de celle d’à côté, l’artiste entretient l’illusion qu’il est possible de garder en mémoire l’odeur des palétuviers et la lumière verte d’un soleil qui se couche sur l’autoroute.
emploi fictif